lundi 30 mars 2009

Lucrèce

Aujourd’hui j’ai rencontré Lucrèce. C’est une histoire incroyable, qui mérite je pense que je vous la raconte…
Elle était sur le bord de la route entre Rodez et Albi, il y’a beaucoup d’autostoppeur sur cet axe, particulièrement en période de pèlerinage comme en ce moment, les beaux jours aidant. Je ne sais pas pourquoi je me suis arrêter et c’est la toute la beauté de cette histoire, car je ne l’ai appris qu’a la fin.
Au départ j’ai eu un peu peur car elle m’avoua presque aussitôt avoir été touché par la grâce il y’a 6 ans. Celle-ci m’affirma avec conviction avoir vu le christ durant une séance de méditation transcendantale. Je l’ai tout de suite prise pour une illuminé ce qui ne manqua pas de lui faire plaisir, puisque elle se considérait elle-même ainsi. Petite blonde la quarantaine, bohème mais propre sur elle. Un sourire éclatant avec une joie de vivre sans équivoque. Convaincu d’avoir vu le seigneur, elle faisait son pèlerinage vers saint jacques de Compostelle.
Je roulais doucement et nous avons discuté tout le trajet, elle voulait se rapprocher de Toulouse, ville qu’elle adore. « C’est la seule ville ou une âme réside, et de toute celle que j’ai visité, c’est sûrement la plus accueillante » me dit elle.
Je lui répondit que j’y été né et ça la fis sourire. Je n’ai pas osé lui demander de me raconter son expérience spirituelle, par respect. Je ne voulais pas qu’elle pense que je me moquais d’elle. Elle le sentis et me remercia du regard.
Dans la conversation elle m’avoua vouloir visiter Cordes sur ciel, beaucoup de ses amis lui en avait parler. Je lui dis que nous étions tout proche et je décidais sans lui dire, de l’y accompagner. Lorsque j’ai programmer cette cité sur mon GPS elle le compris aussitôt mais resta muette.
Ravis de cette attention elle voulu m’offrir un verre pour me remercier et me proposa aussi que l’on déjeune ensemble. J’avais un petit creux, j’acceptais avec plaisir.
Arrivée au sommet du majestueux édifice après une bonne demi heure de marche, nous nous sommes posé pour admirer le paysage. Et nous sommes resté ainsi un long moment.

Puis nous sommes aller déjeuner. Dans ce petit resto sur la grande place. Il était déjà tard et la cuisine était fermée. Mais ils leur restaient de la pintade, spécialité du chef ! On a dit ok !
Et nous voila donc attablé à Cordes sur ciel, dans ce paysage moyenâgeux, à manger une pintade à la sauce au chocolat d’Afrique, servis par le patron, un grand noir au visage amical. Celui-ci était Normand et il parlait Anglais ! J’avais l’impression d’être dans la quatrième dimension, c’était tout simplement irréel !
La femme du patron, Shimen, s’approcha de nous pour faire connaissance. Lucrèce lui raconta que depuis qu’elle avait été touché par le ciel elle s’étais mise a écrire des poèmes. Shimen emballé par ce que venait de dire ma compagne de chemin, se lança dans une tirade romanesque sortis des temps anciens. J’étais au moyen age ! Je regardais par la fenêtre et il me sembla voir l’impensable. Un marché, des charrues des bœufs, un crieur public se tenait sur un banc. Toute une fantaisie de personnages tout droits sortis du passé venait tout à coup d’apparaître sur la place. Je n’étais plus en 2009, j’étais quelque part dans le passé coincé entre Clovis 1er et Charles II. Il ne manquait plus que le comte de Montmirail, Godefroy le hardi et son fidèle Ecuyer. Et j’entendais au loin « Que trépasse si je faiblis ! »

Je sortais de mon rêve pour suivre la conversation que Lucrèce avait commencée.
Elle me parlait de sa foi, du curé qu’elle avait consulté pour comprendre ce qu’elle avait vécu. N’étant pas croyante a l’origine, celui-ci lui dit tout simplement qu’un vent divin avait frappé son âme, et étant baptisé, le seigneur avait apposé son sceau elle ne pouvait être en conséquence que chrétienne malgré elle. Très troublé puisque qu’elle était bouddhiste, elle décida d’accepter cette offrande que le christ lui avait offert. Et elle partit sur les routes avec simplement un sac a dos. Elle vivait ainsi depuis !

Je ne sais pas si je dois la croire ou pas, et puis qui suis-je pour en juger ?
Nous étions sur le point de nous quitter et je la remerciais du fond du cœur pour son histoire, pour sa confiance et sa gentillesse. Je lui expliquais à mon tour que je n’étais pas croyant. Que j’aimais penser que je pouvais maîtriser mon destin. Et de ce fait, la bonté divine ne pouvait pas m’atteindre. Elle me regarda avec un sourire tendre et me dit :
« Je suis sur les route pour trouver ma voie, je t’ai rencontré et c’est le seigneur qui t’a guidé vers moi. Je pensais que cette rencontre divine m’était destinée. En réalité peut être que c’était pour toi ! Y’a tu pensé seulement ? »
Je suis resté bouche bée, ne sachant quoi répondre. Et puis plus un mot, on s’est pris dans les bras et je suis parti. Elle avait pris une chambre a la communauté de béatitude de Corde qu’elle avait réservé lorsque nous étions au restaurant.
Elle pris son sac et son baton puis repris paisiblement sa marche.

Merci Lucrèce, merci du fond du cœur.

Rémy

2 commentaires:

Gonzalez Cuisine a dit…

C'est une jolie histoire que voila.
Et joliment raconter.

Anonyme a dit…

Rémy,ça fait longtemps que l'on te dis que tu devrais publier tes écrits!... ce que tu as raconté est génial, cette gentille"illuminée" là était en effet peut-être sur ton chemin exprès, à toi peut-être de réfléchir...en tous cas cette histoire sort de l'ordinaire et mérite 100 fois d'être lue par beaucoup de personnes croyantes ou pas... maman et papa.