samedi 31 octobre 2009

dix huit heures de trop.



Ça faisait déjà plus de quatre heures que je roulais, j’avais faim et j’étais fatigué. Fatigué par mes pensées, le tête dans la pénombre depuis des heures.

Moi qui avais toujours su garder l’esprit serein, je tenais ma vie comme un commandant de bord garde son cap. Prendre les bonnes décisions au bon moment, utiliser des mots justes. Mais aujourd’hui c’était différent, j’étais épuisé de songer à tout cela, je voulais échanger ces maudites bienveillances contre un peu de repos.

La route se faisait trouble et le temps était à l’orage, je n’étais jamais passé par ici et d’ailleurs je me demandais si je ne m’étais pas perdu. Je regardais les panneaux routiers en espérant reconnaître un nom de village que je connaissais. Mais rien d’amical ne s’offrait à mes yeux, et ma vue rendue fébrile par la fatigue m’empêchait de lire correctement. Il faisait sombre, très sombre, les phares de ma voiture n’arrivaient pas a percer cette obscurité inhabituelle.

Je jugeais en regardant ma montre que c’était l’hiver, il faisait presque nuit et il était 18h, il n’y a qu’en hiver que le soleil se couche si tôt !! Ou est-ce ma montre qui délire ? La trotteuse trotte, « non ma montre fonctionne bien ». Je regarde les arbres sur le bord de la route, ils sont marron, beaucoup de feuilles manquent aux branches et le vent semble vouloir arracher celles qui s’accrochent encore. C’est l’automne me dis-je !

La route sinueuse me forçait à garder les yeux ouverts, je décidais de m’arrêter au prochain village pour manger quelque chose et acheter des cigarettes.

Après une demi-heure de route j’arrivais à un village, « c’est étrange je n’ai pas vu le panneau qui l’indiquait ». Il était comme le temps, sombre et hostile, j’hésitais à y faire une halte. Mais la fatigue était trop forte.

J’avançais sur ce chemin qui devait être mon passé, mon avenir ? Je crus reconnaître un coin de ruelle, une lueur de déjà-vu. Tout semblait brusquement refléter mon esprit, j’étais transporté dans un autre univers, mais un univers que je connaissais bien. Moi qui suis daltonien je pouvais reconnaître toutes les couleurs, le rouge des briques, le bleu marine de la parka d’un homme sinistre au chapeau écorché et le marron d’un vieux chien errant sur le trottoir. Celui-ci avait une patte en moins mais se déplaçait avec une aisance à peine croyable. Sa bave dégoulinait, je frissonnais en croisant sont regard presque humain. Je roulais de plus en plus lentement en observant les alentours, il y avait une place sous un lampadaire qui clignotait. Je pouvais entendre le cliquetis de l’électricité qui circulait mal dans sa prison de verre.

Quelques instants plus tard, je marchais le long du trottoir en quête d’un tabac, l’air était lourd et mes pas résonnaient sur les pavés usés. Il n’y avait personne, était-il tard ? Je regardais à nouveau ma montre, 18h ?! La trotteuse trottant, mon inquiétude se portait à présent sur le bon fonctionnement de la grande aiguille. Mais le temps avançait car la nuit était tombée, je n’étais plus sûr de rien…

J’étais piégé, retenu ici par mes actes, prêt à faire demi-tour et repartir au plus vite vers ma voiture, les pensées revinrent, j’étais immobile ! A cet instant je ne pouvais plus rien faire, mes membres figés, les mains sur le visage mes larmes prêtes à couler. « Chasser ces pensés ! Oublier les erreurs ! » Que pouvais-je faire ? Le passé me rattrape malgré moi.

Si le chemin du repenti ressemble à ça, alors le hasard est décidément son meilleur allié. Je connaissais ce village, j’en étais sûr à présent. Une petite route escarpée grimpait sur les hauteurs de la colline sur laquelle il avait été érigé. Je me souviens, les maisons semblaient protéger un trésor caché. Les habitants accrochaient les fleurs uniquement du coté intérieur du village, comme pour garder intact la beauté de ce site qu’ils protégeaient des touristes. Pour le voir, les passants devaient rentrer à l’intérieur des murailles, oublier leurs véhicules, et faire silence. Seules les abeilles avaient droit de parole. Je me remémorais cet endroit avant qu’il ne soit assombri par mes pêchés. Il y avait ces marches qui donnaient en montant sur des multitudes de ruelles fleuries, s’écoulant doucement sur des rocs taillés avec soins. Plus haut s’étendait le château dominant la vallée. Majestueux, les cicatrices des batailles passées l’avaient rendu sage. Les miennes étaient encore ouvertes, apparemment impossibles à guérir J’avançais prudemment le long des murailles de ce village fortifié. Je ne pouvais pas savoir ce qui allait m’arriver. Poussé par une incontrôlable curiosité et un désir de liberté toujours aussi fort, j’avançais vers ce qui allait être ma délivrance.

Des lumières s’agglutinaient au fond de la ruelle, sûrement un magasin j’espère qu’il est ouvert. Je m’approchais et remarquais l’enseigne accrochée à une porte d’entrée, un tabac ! Formidable, j’ai de la chance il y a quelqu’un au comptoir, ils sont même deux on dirait. Je n’arrivais pas à les distinguer, ils étaient flous. Je me frottais les yeux et fis le point !

Un homme et une femme tous deux mal rasés, l’un avait la moustache l’autre la barbe, beurk ! Ils allaient bien ensemble, monstrueusement poilus sales et difformes, j’en conclut qu’ils étaient en couple. La femme se grattait la barbe, l’homme s’honorait copieusement les trous de nez. Ils étaient répugnants ! Je ne mis pas longtemps à distinguer une énorme verrue sur la partie supérieure de l’oreille droite du commerçant, sa femme manifestement avait la même en parfaite symétrie sur sa parabole gauche. Le comptoir était à leur image, souillé et terne. Un réchaud à gaz posé près du distributeur de chewing-gum, murmurait une mixture verdâtre dans sa poêle oxydée. Il crachait du riz sur le bar et dégageait une odeur de soufre. Les émanations de cette mauvaise cuisine me donnaient envie de vomir. Ils avaient pourtant l’air d’être heureux, dans leur sale cahute. Comment pouvaient ils vivre ici ? Aurais je seulement le courage de m’approcher d’eux sans risquer l’infection ? Je fis semblant de consulter ma montre mais je savais qu’il était toujours 18h, l’horloge pendue au dessus du stand de cigarettes me le confirma. Le temps s’était il donc arrêté ici ? Pourquoi les heures ne passaient-elles pas ?

Alors que la lune affichait minuit, je m’approchai du vendeur et lui demandai un paquet de Fortuna rouge. Il me dévisagea, se racla la gorge tel un chien malade et me dit :

_Un Fortuna rouge hein c’est ça ? »

Je lui répondis que oui.

_T’es sûr tu veux pas de la paella ?

Je regardais à nouveau dans la poêle qui bouillonnait, je crus reconnaître du riz, ce qui semblait être un morceau de poulet et des moules. Tout ceci vivait encore là-dedans, le poulet gigotait, les moules s’ouvraient et se refermaient au rythme des bulles de sauce qui éclataient bruyamment.

_Non, non pas de paella ! Juste les cigarettes.

_T’as tort jeune ! Elle est extra, c’est ma femme qui l’a faite.

Justement, je n’avais pas envie de goûter à la potion d’une sorcière. Notre conversation s’arrêta, interrompue par la sonnerie de son portable. Il le tira des sa poche et décrocha.

_Allo ? Ah c’est toi chérie. Sa femme le regarda d’un œil étonné.

_Chérie ? Qui est ce que tu appelles chérie ? Lui demanda-t-elle, un brin énervé

_ Tu vois pas que je téléphone ? Lâche moi un peu tu veux ?

L’homme ne cachait pas le moins du monde sa conversation, il restait à sa place et parlait très fort. Sa femme commençait à gesticuler et à lui tirer le téléphone des mains. Il se leva et haussa la voix, « tu as fini de me les briser connasse ? Je vais te péter la mâchoire si tu continues !! » Liant les gestes à la parole, il brandit son bras en l’air et lui administra un coup de poing en pleine tête. J’entendis éclater plusieurs dents sous le choc.

Cet homme est fou, et sa femme déjà amoindrie par la nature était désormais défigurée. Son menton avait pris la place de son oreille droite et un œil commençait à sortir de son orbite gauche. J’étais horrifié, je ne savais plus quoi faire.

_Un bébé ? Ah super et c’est le mien ? Il continuait de parler comme si de rien n’était. Apparemment content de pouvoir enfin téléphoner tranquillement. Je restai la, bouche bée, les mains dans les poches je retournais les pièces de monnaies entre mes doigts. Je l’écoutais discuter avec sa maîtresse qui ne devait sûrement pas se douter qu’il venait d’écraser la mâchoire de sa propre femme. Il y avait un sourire satisfait dessiné sur son visage, un mélange de soulagement et de fantasme enfin assouvi. Je le fixai intensément, je voulais qu’il voie le dégoût que j’avais pour lui, alors je m’appliquais à lui jeter mon regard le plus froid, il ne bougeait pas de sa chaise, les pieds reposant sur le corps de sa femme qui gémissait. Je voulus partir pour prévenir la police au plus vite, mais il se leva, cacha le micro

dans la paume de sa main. Il s’approcha au plus près de mon visage, je pouvais sentir son haleine fétide. Il ferma les yeux pour les ouvrir aussitôt, une vision d’horreur traversa mon cerveau, les yeux blancs, les paupières retournées sur son regard qui me glaça le sang. Ses globes vibraient et d’énormes vaisseaux sanguins traversaient ses yeux sans pupille. Je voulais hurler mais rien ne sortait de ma bouche, mes jambes ne répondaient plus, aucune adrénaline n’alimentait mon sang pour me permettre de m’échapper. Je subissais son regard, il se mit à parler :

_ « Vois-tu dans ton cœur l’âme sombre qui l’habite ? Je pourrais l’arracher d’une main si vite qu’il battrait encore quand tes yeux s’éteindront ! » Je sentais à cet instant une douleur terrible dans ma poitrine.L’homme empoigna son téléphone et me le présenta. Je n’arrivais plus à respirer à présent. Plus il serrait le poing plus mon souffle me quittait. Tandis que le téléphone craquait mes membres m’abandonnaient. Je tombai à genoux, les mains autour de ma gorge pour me libérer de cette étreinte mortelle. La lune était trouble et je commençais à délirer, des couleurs incohérentes empoisonnaient mon esprit, le rouge redevint vert et le bleu tirait au violet mais le noir restait noir ! Ma tête cogna contre le sol, je m’effondrais. Le regard en arrière je voyais l’autre coté de la rue, il n’y avait personne. Juste ce chien, ce maudit cabot ! Il était assis sur le trottoir et me fixait. Son regard était noir et si je n’étais plus sûr d’être encore conscient, j’aurais juré qu’il riait !

Le premier sens que l’on perd au moment de sa mort est l’ouie, néanmoins il en reste assez pour entendre les derniers battements de son cœur. Ceux-ci ralentissent doucement. Ensuite vient le toucher, le sol se fait mou et l’on croit s’enfoncer dans une mare de terre humide. Puis les lumières s’éteignent, seuls les souvenirs gardent une substance palpable, et ils sont très nombreux à cet instant. On dit que l’on revoit sa vie défiler devant ses yeux au moment de sa mort. Ce n’est pas seulement sa vie que l’on voit, mais toutes les sensations qui l’accompagnent. Les joies et les chagrins, les victoires et les regrets. Toutes les émotions que l’on a vécues traversent nos entrailles en quelques secondes. Aussi, je m’entendais rire et pleurer en même temps, je frissonnais et transpirais au grès des tics et des tacs de ma montre arrêtée.

J’entendais les battements de mon cœur qui suivaient le rythme de la trotteuse, toquant qu’il était toujours 18h. Je commençais à comprendre, tout était devenu clair ! C’était l’heure de ma mort ! La faucheuse m’avait laissé une chance que je n’avais pas su saisir ! Quelques heures de plus. Tous les signes s’y prêtaient, la couleur des choses que je reconnaissais, le tic tac de ma montre qui résonnait dans ma tête, ce temps qui ne pouvait avancer. Je ne voulais pas mourir, pas maintenant ! Pas comme ça !

Pourquoi m’avait on laissé du temps ? Peut-être suis-je déjà mort en fait. Je prenais conscience que mon esprit avait déjà quitté ce monde et je me surpris à faire une chose que je n’avais jamais faite. En dernier recours je priais ! J’étais prêt à croire en cet instant qu’il y avait autre chose. Non pas un dieu, mais une force qui nous liait tous. Cette force c’est notre entourage. Les gens qui nous aiment, la famille, les amis. Des choses simples certes, mais c’est ce qui fait que l’on existe en tant qu’individu. Je priais pour eux, ne leur souhaitant que du bonheur. Je remerciais certains, présentais mes excuses à d’autres…

Mon souffle se coupa et mon cœur s’arrêta sur ce dernier mot : pardon !

Quelques secondes plus tard je ne pensais plus, mon corps était fluide et glissant. Je tombais, je n’en finissais pas de descendre. J’avais l’impression d’être sur un de ces manèges à sensations fortes. Je ne peux pas dire que c’était désagréable. Il y avait même de la musique, je n’arrivais pas à reconnaître la chanson mais je chantais pourtant les paroles dans ma tête. Puis des flammes apparurent dans la noirceur, je m’y dirigeais à une vitesse fulgurante ! Et alors que la chaleur commençait à me brûler j’entendis un son étrange, comme une cloche. Non ce n’était pas une cloche, plutôt une sorte de bip, oui c’était ça, un bip électronique ! Biiip !!! Biiiip !! Biiiip !!

Je me levais en sursaut les yeux en larmes les mains tremblantes. C’était le réveil, il avait automatiquement allumé le buzzer car la radio ne m’avait pas réveillé. J’appuyai machinalement sur le bouton stop et m’assis sur le bord du lit. Je respirai profondément.



A suivre...

lundi 26 octobre 2009

Empuria Bravo!


Week-end détente à EmpuriaBrava, programme: Pêche en mer!



Bon alors, si les perruches le disent. Moi je veux bien les croire.


Et ben quoi? Me regarde pas comme ça va! Passe ton chemin ou je t'écailles!!


Évidement on est tomber en panne, c'est impossible de partir en pêche sans qu'il n'y est un incident! Et quand on tombe en rade d'essence au beau milieu du lagon, on appelle au secours.


Parhélie



Voici une photo que j’ai faite ce week-end sur la route, vous n’en verrez pas souvent car ce phénomène météo est assez rare sous nos latitudes. Cela s’appelle une Parhélie ou « faux soleil ». C’est un phénomène optique qui apparaît de chaque coté du soleil.

Plus de renseignement ici ---> Parhélie

Malheureusement au moment de prendre la photo un gros nuage en a caché la moitié. J’ai donc volontairement noircis la photo afin de mieux l’observer.


tout les conducteurs sur l'autoroute ont ralentis pour observer cette lueur dans le ciel. Il n'a durer que quelques minutes mais c'était beau a voir.Je suis heureux d'avoir eu mon appareil sous la main a cet instant.




Rémy

dimanche 4 octobre 2009

Genève, sur les rives du lac Léman.

Cette semaine en écoute, Jimmy du groupe Moriarty.

Pourquoi cette chanson ? Et bien car elle parle de voyage et d’identité. Jimmy ne voyage pas que dans sa tête, il crois fermement que cet ailleurs le rendra heureux, il est de ceux qui aime l’idéologie du rêve américain. Il en oublis ses origines et part pour ce grand voyage. La chanson ne raconte pas ce qu’il s’est passé par la suite. Elle dit juste qu’il fumera sa dernière cigarette et qu’il finira parmi les bisons.

Jimmy ne se perd pas, il disparaît tout simplement Alors je n’aime pas cette chanson pour sa grande morale, je ne la comprends pas, et je serais bien prétentieux d’essayer de le faire. Je l’aime pour son ambiance et son histoire, voila pourquoi j’ai voulu vous en parler.



Pour l’apprécier il vous suffira de vous poser confortablement, de penser a tous vos rêves d’enfant, et faire semblant durant ces quelques minutes, que vous les vivez. Je pense qu’elle parle de ça cette musique. Juste du bien être que l’on se procure à rêver un peu…


Voici une partie du refrain que j'ai essayé traduire pour vous:

Les bisons ont l'habitude de dire,
sois fier de ton nom
sois fidèle a toi même
Va ou tes pas te mènent
Fais comme tu le sens






Le jet d’eau de Genève.

A l’origine crée pour compenser les surpressions de l’usine Hydraulique. Le jet atteint 140 mètres. Il est propulsé a la vitesse de 200 km/h et débite 500 litres par seconde ! Il est aujourd'hui la principale attraction de la ville.